L’histoire de l’immigration au Québec : au-delà de l’idée de menace ?
Introduction
L’histoire de l’immigration constitue une porte d’entrée stratégique pour comprendre une société. Les débats qui ont cours au Québec ne peuvent se comprendre sans un détour dans l’histoire. Ce texte propose une synthèse historique reposant sur trois questions fondamentales.
Première question : qu’entend-on par « histoire du Québec » ? Dans ce texte, nous adoptons une approche territoriale : le territoire « québécois » a recouvré plusieurs réalités politiques et administratives et l’histoire de l’immigration doit en tenir compte. Cette histoire se confond souvent à la « création » du Canada confédéral (1867) et même parfois aux années d’après-guerre (depuis 1945). Cette période historique est certainement très importante et elle occupera beaucoup de place dans notre texte.
Mais, pour être complète, l’histoire de l’immigration au Québec doit commencer par les premières grandes migrations fondatrices, celles qui ont vu s’établir au Canada et au Québec des peuples que nous regroupons aujourd’hui sous le vocable « autochtones ».
Deuxième question : étant donné que l’immigration concerne surtout le territoire montréalais, pourquoi parler du Québec dans son ensemble ? La réponse est politique : certes, c’est Montréal qui a reçu historiquement l’essentiel de l’immigration, mais les politiques d’immigration demeurent l’affaire des deux paliers de gouvernement — fédéral et provincial.2
La troisième question découle de la première : sur quelle forme ou quelle périodisation faire reposer ce travail de synthèse ? L’immigration est intimement liée à la notion de contrôle du territoire : qui peut y entrer et en quel nombre. C’est ce critère que nous utilisons pour distinguer sept périodes.
La première période concerne les grandes immigrations fondatrices, celles qui ont participé à l’établissement sur le territoire québécois de nombreuses populations autochtones. Il n’est pas possible de déterminer le début de cette période, mais, en raison du critère choisi, elle se termine avec l’implantation d’un gouvernement colonial français (1608-1760), qui correspond à la deuxième période. La troisième débute avec la conquête anglaise et l’implantation d’un gouvernement impérial britannique qui durera jusqu’en 1867.
La quatrième période va de 1867 à 1968 ; elle est caractérisée par un régime migratoire discriminatoire et raciste essentiellement contrôlé par le gouvernement fédéral. Historiquement, une facette clé de la politique d’immigration est son caractère discriminatoire. Pendant les 360 ans couvrant les trois périodes précédentes (1608-1968), les politiques d’immigration étaient foncièrement discriminatoires, fermant la porte aux protestants, puis aux Français et enfin aux populations noires et asiatiques.
À partir de 1968, le régime migratoire change du tout au tout : il est désormais basé sur les compétences plutôt que sur les préférences ethniques. Cette cinquième période voit le Québec devenir un acteur important dans la définition de la politique d’immigration. Cette période se termine en 1990, avec l’adoption par le Québec d’une politique d’immigration et d’intégration résolument « pluraliste ».
Ainsi, la sixième période couvre les années 1990-2018. L’année 2018, septième et dernière période, coïncide avec l’arrivée au pouvoir du gouvernement de la Coalition Avenir Québec et constitue une rupture avec la période pluraliste précédente.
Les Premières Nations et les immigrations fondatrices : avant 1608
Sur cette immigration, nous connaissons peu de choses. Nous savons que le territoire québécois a été habité par des populations que nous appelons aujourd’hui les peuples autochtones ou les Premières Nations et que cette présence remonte à plusieurs milliers d’années (10 000 ans ?). Il y a également consensus que ces populations ont migré en Amérique par couches successives.
Par contre, les origines de ces migrants font encore aujourd’hui l’objet de plusieurs hypothèses, l’hypothèse « asiatique » étant la plus répandue. Quoi qu’il en soit, ces migrations ont constitué les premières formes d’établissement sur le territoire québécois.
Durant cette période, le contrôle des territoires, fondement de toute politique d’immigration, n’avait pas une forme centralisée, chaque groupe défendant son territoire. Les nombreux conflits et guerres témoignent de l’intérêt stratégique pour tout groupe de maintenir l’accès aux ressources nécessaires pour sa survie, voire de l’augmenter par des guerres territoriales.
Le Régime français ou une immigration d’invasion et de colonisation : 1608-1760
Les contrôles des territoires québécois par les autochtones prennent fin avec l’arrivée des Français. La politique d’immigration sous le Régime français se ramène à deux grands objectifs : (1) le peuplement de la colonie et (2) le contrôle du territoire envahi. Il s’agit donc d’une immigration française d’invasion et de colonisation.
À la fin du Régime français, on estime à 25 000 le nombre de Français dans la colonie, comprenant les immigrants et les personnes nées sur place. Les catégories d’immigrants comprennent surtout des militaires, des engagés, des femmes, des prisonniers, des prêtres, des missionnaires et des esclaves.3 Les relations ethniques sont essentiellement constituées de rapports dominants-dominés, Français versus Autochtones, parfois alliés, souvent en conflit.
Si au début de la colonie, jusqu’en 1706 selon Charbonneau et Landry4, on parle d’intégration des « Indigènes » et de « fusion des races », à partir de 1706, il y a un revirement de la politique : on ne parle plus de politique d’intégration, mais d’interdiction de « mixage », les mariages des soldats avec les femmes autochtones étant interdits.
Le Régime français n’a été possible que grâce à une présence militaire française suffisamment forte pour prendre possession des terres autochtones. Même si pendant toute cette période, l’immigration française a été très faible, nous assistons à la genèse d’une société « française » dominée par des relations conflictuelles entre la majorité, les Français et les « minorités » autochtones.5
Le Régime anglais, 1760-1867 : l’immigration britannique et protestante
Durant cette période, la nature de l’immigration ne change pas : il s’agit toujours d’une immigration de peuplement et d’invasion. Ce qui diffère, c’est que le pouvoir change de main. Pour les nouveaux « maîtres », la politique d’immigration doit continuer à « gérer » le contrôle des territoires contre la résistance des Autochtones tout en favorisant la venue d’immigrants en provenance de la Grande-Bretagne.
Le groupe français, tout en constituant 99 % de la population (estimée à 65 000 en 1763), perd tout contrôle sur l’immigration, contrôle qu’il retrouvera seulement dans les années 1960. Quant aux groupes autochtones, ils demeurent exclus du pouvoir politique relié à l’immigration, pouvoir qu’ils n’obtiendront jamais par la suite, jusqu’à aujourd’hui.
La politique d’immigration sous le Régime anglais d’une part interdit l’immigration française et d’autre part pratique une politique d’assimilation des Canadiens français (on se rappelle le Rapport Durham en1839) et une de génocide envers les populations autochtones.
Cette période voit donc le début de l’immigration britannique et protestante en provenance de l’Angleterre et l’arrivée des loyalistes en provenance des États-Unis. On assiste également au début du 19e siècle à des vagues d’immigrations irlandaise et écossaise. L’histoire de l’immigration durant cette période ne saurait occulter le sort fait aux immigrants dans les années 1832-1927, alors qu’on les met en quarantaine à Grosse-Île, dont la station fermera ses portes en 1937.
Enfin, dernier fait saillant de cette période : le Québec connait un exode important vers les États-Unis. On estime à près d’un million le nombre de personnes qui ont émigré en Nouvelle-Angleterre entre 1840 et 1930.
La politique des préférences ethniques : 1867-1960
Deux grands régimes migratoires ont caractérisé l’histoire de l’immigration au Canada et au Québec à partir de 1867. Le premier couvre la fin du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle et se caractérise par son approche raciste quant aux critères de sélection et « assimilationniste » quant à la politique d’intégration. Les préférences ethniques favorisent en fait l’immigration britannique et américaine tout en fermant la porte aux populations noires et asiatiques.
Durant cette période, trois vagues migratoires vont toucher le Québec. D’abord entre 1901 et 1920, le Québec connait ses plus hauts taux d’immigration de tout le 20e siècle : cette période de forte immigration a en fait débuté vers les années 1880 et constitue ce qui est considéré comme la première vague migratoire massive. Elle correspond à une reprise économique importante dans l’industrie manufacturière, dont la production s’accroit jusqu’aux années 1930.
Elle correspond également au projet national de colonisation agricole et de peuplement de l’Ouest. Les deux groupes d’immigrants les plus importants durant cette période sont les Juifs et les Italiens. C’est aussi le début de la présence nouvelle de plusieurs groupes de l’Europe continentale, même si leur poids demeure relativement faible au Québec, contrairement aux régions de l’ouest du Canada.
La deuxième vague migratoire s’effectue dans une période de faible immigration (1921-1930). La baisse des niveaux d’immigration est liée à trois facteurs : l’effet de la Première Guerre mondiale, le ralentissement de l’économie entre 1918 et 1922 et les fortes réactions anti-immigration de l’après-guerre en vogue partout au Canada et au Québec.
L’immigration noire et asiatique, chinoise en particulier, continue à être interdite. Malgré tout, le processus de diversification de l’immigration suit son cours avec l’arrivée croissante des groupes de l’Europe continentale : Ukrainiens, Polonais, Hongrois, Scandinaves, Finlandais, Hollandais, Italiens, Juifs.
Enfin, la troisième sous-période couvre les années 1931-1950 : pendant environ 15 ans, l’immigration cesse. La crise économique et la Deuxième Guerre mondiale viendront entretenir un courant nativiste déjà important dans la période précédente. Pour certains, le Canada est suffisamment peuplé, il n’a pas besoin d’immigrants et il ne pourrait plus en absorber davantage, en particulier les immigrants non britanniques.
Avec une immigration presque nulle, la composition ethnique se trouve donc figée pendant toute cette période. On note néanmoins la poursuite de la baisse de l’importance des Britanniques au Québec, baisse qui se poursuivra jusqu’à la fin du siècle. Les Juifs et les Italiens demeurent les groupes « autres » les plus importants.
Du point de vue de la politique d’immigration, le Québec intervient très peu. Par contre, les perceptions de l’immigration chez les élites québécoises demeurent négatives, concevant la politique canadienne comme un complot pour « noyer » le groupe canadien-français.
Comme dans la période précédente, la menace de l’immigration résulte d’une politique favorisant les groupes anglophones et l’arrivée importante d’immigrants anglo-protestants. La dualité ethnique et politique s’affermit durant cette période.
1960-1990 : Le Québec devient un acteur clé dans la politique d’immigration
Après la Deuxième Guerre mondiale, un nouveau régime d’immigration est mis en place pour faire face aux transformations économiques et politiques qui affectent la plupart des sociétés industrielles. Deux principes de base demeurent néanmoins inchangés : un principe politique affirmant la souveraineté nationale en matière d’immigration et un principe économique liant de façon beaucoup plus systématique l’immigration aux besoins nationaux, en particulier les besoins en main-d’œuvre.
Ce qui change radicalement, ce sont les mécanismes permettant de combler ces besoins : les critères de préférences ethniques laissent place à des critères de qualifications professionnelles (capital humain) et la politique de laissez-faire en matière d’intégration des immigrants est remplacée par une politique gouvernementale explicite d’intégration qui, au Canada, prendra le nom de multiculturalisme, et au Québec, d’interculturalisme.
Dans les années 1960, le Québec devient un acteur clé dans la politique d’immigration, entre autres en créant en 1968 le ministère de l’Immigration.
La deuxième moitié du 20e siècle se distingue radicalement des années 1900-1960, non seulement par son nouveau régime d’immigration, mais aussi par les nouvelles vagues migratoires qui accélèrent la diversité ethnique et font apparaitre la nécessité de la « gérer ». En particulier, le Québec commence à s’inquiéter de l’intégration linguistique des immigrants vers la langue anglaise, d’autant plus que le déclin rapide de la fécondité vient ébranler l’équilibre démolinguistique.
Deux vagues migratoires sont notoires durant cette période. La première, couvrant les années 1950-1975, correspond à la reprise de l’immigration de l’après-guerre et, ce qui est nouveau pour le Québec, à des soldes de migrations internationales fortement positifs. Comme par le passé, les changements dans la politique d’immigration amènent aussitôt des changements dans la provenance de l’immigration.
Il y aura d’abord un déplacement des pays sources de l’Europe du Nord et de l’Ouest (dont la Grande-Bretagne) vers l’Europe du Sud, puis vers les pays de ce qu’on appelle alors le Tiers-Monde, jusqu’ici exclu. De plus, le Canada ouvre ses portes aux personnes déplacées et réfugiées en provenance de l’Europe de l’Est (Hongrois, Polonais, Tchécoslovaques).
Viendront s’ajouter au cours des années 1970 les Asiatiques ougandais, les Chiliens, les Vietnamiens et les Haïtiens. C’est la période où débute la diversification de l’immigration au Canada et au Québec, diversification qui ira en s’accentuant jusqu’à aujourd’hui.
La période 1975-1985 en est une de récession et les niveaux d’immigration au Québec diminuent. Il faut attendre la fin des années 1980 pour voir l’immigration redevenir importante et assister à la deuxième vague migratoire qui voit dominer les flux migratoires en provenance des pays en développement (communément appelés les pays du Sud).
On assiste donc à un véritable renversement de tendance qui met en place un processus de modifications importantes dans les rapports majorités-minorités au Québec, d’autant plus que le Québec vit une révolution démographique accélérée avec une diminution importante de la natalité.
Dans ce nouveau contexte, le groupe « allophone »6 devient un enjeu important pour le Québec, et les débats autour de l’intégration linguistique des immigrants dominent la scène politique et aboutissent à des ententes fédérales-provinciales donnant plus de pouvoir au Québec et à la mise en œuvre de la politique linguistique du Québec (loi 101) obligeant les enfants d’immigrants à fréquenter l’école française.
1990-2018 : au-delà de la menace, l’option pluraliste
Au cours des périodes précédentes, l’immigration au Québec a souvent été associée à l’idée de menace : britannique et protestante d’abord, puis plus récemment linguistique. À partir de 1990, on assiste à une véritable rupture avec cette notion de menace. Plusieurs faits saillants caractérisent la période 1990-2018.
D’abord, en ce qui concerne le portrait statistique, le Québec vit une période de forte immigration : les niveaux d’immigration sont passés d’environ 30 000 dans les années 1990 à environ 50 000 actuellement. Le pourcentage d’immigrants, qui était de 9 % en 1996, atteint à l’heure actuelle 14 % (recensement de 2016).
Les origines géographiques des immigrants se sont considérablement diversifiées ; ils proviennent de plus d’une centaine de pays répartis dans toutes les grandes régions du monde. Parmi les pays dominants, on retrouve Haïti, la France et le Maroc. Le Liban a également contribué de façon importante aux flux migratoires de la période. Enfin, les pays d’Asie font également partie des vagues migratoires de la période.
Cela dit, c’est vraiment à Montréal7 que se joue la carte de l’immigration : 9 immigrants sur 10 se retrouvent dans cette ville ; 1 personne sur 4 à Montréal est née à l’étranger ; plus de 40 % des personnes sont soit immigrantes soit des enfants issus de l’immigration.
Le deuxième fait saillant est le rôle de plus en plus important de l’immigration temporaire au Québec (moins de 40 000 en 1986, près de 180 000 en 2017). Depuis quelques années, la part de l’immigration temporaire dépasse l’immigration permanente en ce qui concerne l’immigration économique. Les travailleurs temporaires comprennent des personnes qui obtiennent des permis de travail temporaires. Elles doivent retourner dans leur pays une fois le permis expiré.
Les critiques envers les programmes des travailleurs temporaires visent le fait que ceux-ci (1) n’ont pas accès à la résidence permanente, (2) sont rattachés à un employeur, (3) n’ont pas accès à la réunification familiale et (4) sont dans des situations vulnérables menant à des abus.
Troisièmement, c’est résolument la période qui voit se confirmer la diversité ethnique au Québec et à Montréal. En particulier, cette diversité s’exprime par la croissance des groupes de minorités visibles. À Montréal, on estime le pourcentage de ces groupes à 23 % : les deux groupes les plus importants étant les Noirs8 et les Arabes. Reliée à cette problématique de diversité ethnique et culturelle, la question de l’intégration économique a été au centre des débats sur l’intégration des immigrants.
De nombreuses études ont démontré que les groupes immigrants avaient plus de difficultés que les groupes « natifs » à obtenir des emplois à la mesure de leurs qualifications. Plusieurs facteurs ont été établis pour expliquer cet état de fait : la non-reconnaissance des diplômes et des expériences antérieures et la discrimination.
Du point de vue politique, la période 1990-2018 se distingue des périodes antérieures par l’adoption en 1990 d’une politique d’immigration et d’intégration9 résolument orientée vers l’option « pluraliste ». Le pluralisme se définit par la reconnaissance de la diversité et le désir de la « gérer » de façon ouverte et inclusive.
Pour une première fois dans l’histoire de l’immigration au Québec, l’immigration n’est plus conçue comme une menace, mais plutôt comme un défi devant permettre aux groupes immigrants de contribuer de façon positive au développement du Québec moderne, y compris à la consolidation du français comme langue publique commune.
Il faut souligner que cette politique est demeurée incontestée pendant 12 ans, que ce soit sous des gouvernements libéraux ou péquistes. En 2012, le gouvernement péquiste de Pauline Marois a tenté de remettre en question le fondement de la politique d’immigration et d’intégration en mettant de l’avant son projet de Charte des valeurs.
Même si ce projet n’a pas eu de suite à l’époque, et même si l’Énoncé de politique d’immigration et d’intégration est demeuré le cadre politique officiel, les années 2000 ont vu émerger au Québec des débats importants sur la laïcité et le port de signes religieux (en fait, le port du voile chez les femmes musulmanes).
Les débats ont culminé lors de la mise sur pied de la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement raisonnable reliées aux différences culturelles (communément appelée Commission Bouchard-Taylor) en septembre 2007, à la suite de nombreuses interventions publiques et médiatiques contre les accommodements raisonnables.
Le rapport Bouchard-Taylor, déposé en mai 2008, recommandait une laïcité ouverte tout en proposant l’interdiction du port de signes religieux pour les personnes qui exercent un pouvoir de coercition (policiers, juges...). Le gouvernement libéral a décidé de ne pas donner suite au rapport. Au contraire, en 2015, le projet de loi 62 sur la neutralité religieuse renonçait à interdire le port de signes religieux.
Un peu partout dans le monde, les années 2000 voient émerger des groupes d’extrême droite, voire des partis politiques qui prennent de plus en plus de place dans l’arène électorale. Le Québec ne fait pas exception : la tuerie à la mosquée de Québec (29 janvier 2017) indique que le Québec n’est pas à l’abri de courants islamophobes et la radicalisation devient une préoccupation importante.
L’attentat récent dans deux mosquées en Nouvelle-Zélande (15 mars 2019) montre qu’aucun pays n’est à l’abri : la Nouvelle-Zélande est considérée comme un pays ouvert et accueillant et la population musulmane constitue à peine 1 % de la population totale.
Bref, la fin de la période 1990-2018 voit l’effritement du consensus « pluraliste » mis en œuvre au début des années 1990. L’immigration comme menace identitaire est revenue au centre des débats et, comme on le verra en conclusion, a été largement évoquée lors de la dernière campagne électorale au Québec (novembre 2018) et fait maintenant partie de l’approche législative du gouvernement de la Coalition Avenir Québec (CAQ).
Depuis 2018 — l’immigration comme menace identitaire ?
L’option pluraliste adoptée par les gouvernements antérieurs (depuis 1990), qu’ils soient libéraux ou péquistes, est actuellement remise en question par le nouveau gouvernement de la Coalition Avenir Québec dirigé par François Legault. Déjà durant la campagne électorale de 2018, la CAQ avait tenu des propos proches des préoccupations identitaires.
Trois thèmes en particulier ont été largement exploités par la CAQ : (1) la réduction du nombre d’immigrants (« en avoir moins pour mieux en prendre soin ») ; (2) la nécessité de « tester » les immigrants sur leurs compétences linguistiques et sur les valeurs « québécoises » (au risque de ne pas renouveler leur certificat de résidence permanente) ; et (3) l’interdiction du port de signes religieux, en particulier le voile « islamique », interdictions qui vont au-delà du rapport Bouchard-Taylor en incluant les enseignantes dans la liste des personnes en autorité.
Le projet de loi no 21, actuellement à l’étude, vient confirmer ces orientations politiques et une conception de l’immigration comme menace identitaire.10
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Cet article fait partie d’une série d’histoires parues initialement dans le magazine Enjeux de l’univers social de l’Association québécoise pour l’enseignement de l’univers social (AQEUS).